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Achémb'é
16 juillet 2019

L'enclos des frontières

Achémb'é resta près de sept ans en compagnie du Charpentier  

De cette période nulle trace. Le soufflet de la forge c'était mué en un cordon de soie qui vibrait au fil des ondes. 

Plus d'attentes. Plus d'attaches. Vide le siége du spectateur. Juste un sommeil de verre. Des lustres de cristaux, Azzaan à ses côtés. 

Les cahiers jaunissaient ainsi que les livres de l'ange blond tombé à la Seine, au creux du vieux sac pendu à la ceinture de l'homme debout de la grange.

Le réveil fut brutal. Une horde de gendarmes l'enchaîna au matin; délit de liberté! On ne naît pas humain de la Terre, mais membre d'un pays gardé par l'enclos des frontières. 

De nombreuses éclipses lunaires passèrent avant que La Bande ne le délivre du centre de rétention où hommes, femmes, enfants et vieillards étaient privés de vivre. 

La résistance s'articulait en actes de désobéissance civile, créateurs et destructeurs. On voyait à cette époque, pêle mêle des abattoirs mis à sac, des camions sabotés   à l'arrêt le long des routes dont de grosses dalles de béton étaient arrachées au sol par d'anciens ouvriers des travaux publics entrés en rébellion. 

Les débreillages étaient fréquents, anarchiques. Les magasins délléssés  au profit des marchés clandestins où l'on troquait en frères libres les denrées, objets et matériaux qui répondaient aux nécessités de bases et au développement culturel et artistique. L'imprimerie clandestine battait son plein, on échangeait des terres ocres contre du grain, des instruments contre des vêtements...   

Achémb'é ne se cachait plus.

Hommes et bêtes allaient librement dans les prairies jouxtées   d'anciens tracteurs rouillées et autres machineries agroalimentaires. Les agriculteurs avaient cessé de payer l'aumône aux banques, abandonné aux main des rapaces chaque outil à crédit, et ces derniers n'avaient jamais osé quitter la capitale pour venir les reprendre. La paysannerie renaissait de ses cendre. Les paysages urbains et campagnards n'avaient plus rien à voir avec ceux qu'Achémb'é avait connu à son arrivée en France. 

Les moteurs s'étaient tus, ainsi que les médias d'état . Les plus riches, les plus puissants, s'étaient réfugiés dans leurs îles. Les ministres dont plus personne ne tirait les ficelles étaient redevenues de simples poupées desarticulées  

On faisait ordre, mais on le faisait mal. Les armées déssoudées de leur socle partaient à l'assaut des champs, binettes à la main. 

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