L'anneau de nez

Je me présente libre ce matin à tes pieds, et j'ai la volupté de courber mon échine aux bonnes grâces de ta volonté.

Je pensais, mais ma pensée n'avait pas la juste mesure, que c'est le corps désentravé des coups de fouet et mis à l'abrit de la servitude que les hommes s'infligent les uns aux autres que je trouverais mon refuge. Et tous les saints du monde se mirent à me mener par le bout du nez.

Je n'osais laisser ma barbe courir le long de ma poitrine offerte à leurs offenses et après eux je récitais les prières faites aux idoles; "gloire à ceux qui marquèrent la pierre de leurs épées et embarquèrent sur les ailes du vent! "

Mais tu m'es apparu sous la frêle apparence du simple, et j'ai veillié mes nuits à son repos, abandonné la plage de mes rêves à ses chateaux de sables, dormi mes jours lové sous son tronc pour soutenir ses derniers tremblements.

C'est ainsi que s'est dissipé le sortilège de l'anneau invisible qu'un habile marchand de vérité avait fiché dans ma closon nasale encore trop souple pour que je ressente la douleur de ce châtiment hérité des pères de nos pères.

J'emporte Europe sur mes îles de délices que ne souillent pas les eaux des sacrifices sans cesse renouvelés à Mithra.