La Bande

La Bande avait fait reculer l'ancien pouvoir jusqu'à son dernier bastion. La victoire était acquise. La Terre pansait ses plaies. Les hommes leurs corps meurtris. 

J'avais perdu un oeil et l'harmonie de mon visage dans la bataille. Gueule cassée, mais heureuse, j'avais avec ma compagne d'alors recueilli quelques enfants perdus. Nous mennions une vie simple. Cultivions les simples auprès d'Achémb'é, des fruits, des fèves et quelques céréales que nous echangions contre quelques légumineuses, oeufs, miel... j'étais passé maître dans l'ancienne maçonnerie et la coiffure et Claire, dans l'argile et le tressage des paniers. 

La Bande commençait à se structurer. De plus en plus d'entre nous réflechissaient le monde et voulaient y imprimer ses visions. Achémb'é restait en retrait. Sa bouche ne s'ouvrait plus lors des veillées. Il gardait sur son visage son sourire de marbre. Il était temps de partir. La Reine avait rangé son rouet.  

Un soir il m'annonça qu'il s'en allait dès l'aube, à la recherche de ses cahiers et de ses livres dormants dans le vieux sac pendu à la ceinture de l'homme debout de la grange du Charpentier. 

Nous le suivîmmes. Le nouveau pouvoir naissait. L'utopie devait se fondre à nouveau loin des hommes.