L'Arche

On m'avait parlé de l'Arche, mais je ne m'attendais pas à une telle splendeur. Elle était un hommage à la vie sous toutes ses formes, minérale, végétale animale et humaine, un assemblage spontané et harmonieux de toutes les forces qui se meuvent au sein des univers. 

Le long de ses poutres de métal couraient branches chargées de fleurs et de fruits mêlées aux racines aériennes. Partout des oiseaux, des petits marsupiaux  et autres animaux savants, des insectes et des hommes représentants de toutes les cultures, de tous les coins de la Terre.

Des piles de livres s'élevant vers le ciel, des spectacles vivants à toutes les heures et à tous les étages se partageaient la place au milieu d'un méli-mélo d'oeuvres artistiques que venait balayer la lumière des vitraux. 

Cela faisait quelques deux décennies  que l'on avait couché au sol le symbole phallocentrique de la France dans un grand fracas guerrier, mais joyeux, disqué ses poutres d'acier pour les assembler en une grande voute en ogives. Chacun selon ses talents et ses désirs les plus fous avait été invité à venir féconder ce  con commun à toute l'humanité. Depuis, ce lieu avait essaimé un peu partout dans le nouveau monde dont les frontières tombaient une à une sur toute la surface du globe au fur et à mesure que les puissances reculaient  devant les assauts répétés de la révolution culturelle en cours; terriens, seulement des terriens, créatifs.

Les hommes se vouaient à l'avenir en participant à la sublimation des espaces naturels tout en prenant le plus grand soin à en rétablir les équilibres. Des faux bourdons  au service de la Reine. Une planète, un oeuf, un réseau des lianes de la Vie.