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Achémb'é
30 juillet 2019

Entre chiens et loups

Nous avions passé une semaine au sein de l'Auberge des Rêves. Chaque nuit me faisant sombrer dans un onirisme digne de Lewis Carol. La Prêtresse et ses suivantes étaient reparties vers leur destin. Elle continueraient leur périple jusqu'aux plages de la mer du Nord d'où elles embarqueraient sur un navire les menant jusqu'à l'île des Femmes. Je ne me souviens guère de nos adieux en forme d'au revoir. Sahaja m'avait offert une petite amulette avant leur départ qu'elle avait sculptée dans de la pierre tendre: un singe abandonnant ses armes au sol surmonté d'un chat jouant à attraper un papillon. Elle luisait de tout son amour sur ma poitrine dénudée et me rappelait à chaque instant ma promesse.  

Nos hôtes attendirent que je vomisse  mes dernières illusions avant que de ne m'enseigner  le secret de leur art. Tout partait de nos rêves et y retournait selon eux, pour venir se répandre comme une nappe de pétrole sur nos heures de veilles et border en de sombres murailles cinglantes nos idéaux, de telle manière que nous pensions ne pouvoir être libres qu'à la condition de devenir des maîtres de l'ascension. Englués le jour, mis au défit la nuit pour grimper au delà d'une paroi rocheuse qui ne cessait de grandir au fur et à mesure que nous nous écorchions les mains en l'escaladant. Gagner en hauteur pour ne pas être emportés par la vague d'huile visqueuse qui grossissait à mesure de nos combats, gagner en agilité au fur et à mesure que le mur s'incurvait tel le corps d'un vieillard qui se penche vers l'avant, la tête de plus en plus lourde et l'ossature de plus en plus frêle. 

L'homme descendu de l'arbre était condamné à se tenir aux extrémités du monde. Peser dans la balance ou subir le va et vient de ses plateaux où d'autres que nous s'agitaient sans fin, tenter de fuire ce monde des jadis en s'agrippant à l'aiguille vacillante qui déchirait le ciel en lambeaux éparses. 

Il fallait sept vies à un chat pour lisser le rêve en se lovant dessus comme s'il eut s'agit d'un coussin, de telle manière qu'en disparaisse le tain, que s'échappent aux quatre vents les plumes blanches de la calomnie. D'abord se faire à l'idée de la chute. Ensuite laisser aux dieux le soin de ses chatons, puis mêler sa propre lumière aux ombres de la nuit, voir d'un nouveau jour danser les paysages, ouvrir sa gorge aux oiseaux de passage, penser le monde les paupières closes et enfin, s'ouvrir en corolle dans le jardin des simples d'où se dissolvent les univers.

Nous prîmes un bain dans la rivière et quittâmes  cet étrange lieu où de bien singuliers magiciens métamorphosaient des colombes en lièvres du fond de leurs chapeaux.   

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